Vers une meilleure intégration de la dimension du genre dans le mécanisme REDD+ en RDC
August 13th, 2015
Alors que la République Démocratique du Congo vient de valider sa phase de préparation à la REDD+ (Réductions des émissions dues à la déforestation et à la dégradation des forêts) et qu’elle entre dans la phase de mise en œuvre, le pays a entamé un processus de révision de l’Arrêté d’homologation. Le processus prévoit de réviser les Standards nationaux et d’inclure le CLIP, les mécanismes de partage des bénéfices et de gestion des plaintes dans les annexes de l’Arrêté. Ainsi, une fenêtre d’opportunité importante existe pour intégrer la dimension du genre dans ce processus de révision du cadre normatif REDD+. Bien que la thématique sur le genre ait connu un lent démarrage en termes de prise de conscience d’égalité, d’équité et d’intégration dans le cadre stratégique et juridique REDD+ en RDC, il existe un certain nombre de points d’entrée qui peuvent être utilisés pour remédier à cette situation. Pour cela, une étude conjointe a été menée par le World Resources Institute (WRI) et Moabi afin d’identifier les options préliminaires d’intégration du genre au niveau national et du projet pilote REDD+ Novacel Sud Kwamouth (NSK) dans la province du Mai Ndombe, dans les villages de Boku et Botulu.
Source : SLCD, 2013
L’étude montre que l’intégration du genre est un gage critique de réussite de REDD+ et de la bonne application des standards sociaux et environnementaux car les hommes et les femmes ont des relations différenciées avec la gestion des ressources naturelles. Les tâches qu’ils effectuent, la manière dont ils subsistent et partagent leur temps, leur usage des ressources de la forêt et des arbres et leurs droits d’accès et d’utilisation de ces ressources sont autant de facteurs critiques à prendre en compte. Enfin, les femmes occupent généralement une position sociale marginalisée dans les zones rurales tant au niveau des ménages et des institutions communautaires mais aussi dans le secteur de la gestion forestière, notamment au niveau des structures décisionnelles de REDD+.
Au niveau national et stratégique, il existe un fort potentiel pour recommander l’alignement du cadre juridique et stratégique REDD+ sur les lois et orientations internationales sur le genre. Cela inclut les standards nationaux, mais aussi les thématiques connexes telles que la procédure de mise en œuvre du CLIP, le mécanisme de gestion des plaintes ou encore le partage des bénéfices liés à la REDD+. En parallèle, des actions d’accompagnement des projets REDD+ au niveau local pourraient être réalisées à travers la mise en œuvre d’outils et d’approches méthodologiques. D’autres actions sont à envisager, telles que la création de comités consultatifs de femmes servant de « cadre idéal » d’échanges et de discussions et permettant aux femmes de pleinement exprimer, partager leurs préoccupations et de faire remonter l’information vers les niveaux supérieurs.
Tandis que, la RDC va commencer sa phase de mise en œuvre du mécanisme REDD+, il est essentiel de comprendre et mettre en évidence les questions d’inclusion du genre. Notamment concernant la participation, la prise de décision, l’accès égal des femmes à tous les niveaux de gouvernance REDD+, le partage des bénéfices, la gestion des plaintes, etc.
Les enquêtes ont montré que les femmes du village de Boku ne sont pas représentées et leur participation dans les prises de décision est très limitée malgré leur grand nombre. Photo Credit: Joelle Nkosi et Eulalie Guillaume
Auteurs : Joelle Nkosi (WRI), jnkosiboeli@wri.org Eulalie guillaume (WRI/Moabi) eulalieguillaume@moabi.org
Réviseur : Benoit Thuaire (Moabi) benoithtuaire@moabi.org